MEMOIRES de GUERRE - Carnet d'un poilu de 14-18

MEMOIRES  de  GUERRE - Carnet d'un poilu de 14-18
Journal écrit par Antoine Dolin pendant la 1° année de la guerre 1914/1918 Ce journal commence le jour de la déclaration de la guerre soit : Le 1° août 1914, sans doute à Nivolas-Vermelle, et s’arrête 12 mois et 18 jours plus tard, soit : Le 18 août 1915, près de Verdun, avec le repli des troupes du village où il était. A ce moment là, Antoine est planton d’officier (valet de chambre, comme il dit) La dernière page est un résumé de la guerre. Dolin Antoine classe 1896, 106° Régiment d’Infanterie Territorial, 9° compagnie, A la mobilisation : Antoine a 38 ans Sa fille : 8 ans et demi (Juliette) Son fils : 4 ans (Jean) A la démobilisation : il a 42 ans et demi Sa fille : 13 ans Son fils : 8 ans et demi

                                                                           1914
1° août 1914
- Ordre de mobilisation affiché à 4 heure (16 h ) et annoncé par le son du tocsin, voilà un moment inoubliable.

2 août -  Premier jour de la mobilisation.  Départ des classes les plus jeunes et successivement tous les jours.

7 août - Vendredi, 6° jour de la mobilisation, je rejoins le clos Genin avant 8 heures. Versé à la 106° territorial, habillé à l’école de Jallieu.
Je puis retourner coucher chez moi, dans la nuit du vendredi au samedi et dans la journée du samedi.

8 août - Départ de Jallieu à 8 h ½ du soir pour embarquer en gare de Bourgoin.
Le départ a lieu le dimanche matin seulement, à 4 h ½ du matin, toute la nuit s’est passée dans les rues de Jallieu, Bourgoin et 3 heures en gare.

9 août - Enfin, le train s’ébranle, la ligne de Voreppe étant coupée par les inondations, notre train passe par Chambéry où l’on s’arrête 25 minutes

9 août - Arrivé à Grenoble à midi, on forme les faisceaux sur la place de la gare. Les dames de la Croix-Rouge nous payent du thé chaud et la 9°compagnie est cantonnée à l’usine de gants Perrin, près de la porte du cours St André

12 août - Le 106° devait partir aux Maroc, il y a contre-ordre

18 août - Nous quittons l’usine pour aller cantonner en compagnie de la 10°,11° et 12° compagnie, c'est-à-dire tout le bataillon. Le matin on fait des marches et l’après midi exercice à l’esplanade, ou bien au Polygone, le tout est assez pénible en raison des grandes chaleurs, on mouille la capote 2 fois par jour.

12 Septembre - Nous quittons Grenoble pour aller cantonner à Meylan et Montbonnot à 7 km de Grenoble ; le 1° et le 2° Bataillon se trouvaient déjà à Corenc et Montfleury.
Tout le régiment se trouve réuni dans un rayon de 5 à 6 km. En arrivant, je suis de garde à la gare de Meylan, la 2° section est logée à la ferme Patraz

13 Septembre - Dimanche à 4 h, alerte ! chaque compagnie fournit de 50 à 60 hommes pris dans les classes 1898,1899 pour renforcer la réserve de l’active.

14 Septembre - Le départ des camarades qui doivent être versés au 222°, pour renforcer la réserve, et qui certainement vont prendre part aux combats qui se livrent dans le nord  de Paris et dans l’Ouest donne lieu à une petite fête où l’on fait honneur au vin du Graisivaudan.

25 Octobre - Le régiment part au complet pour la Valbonne, le départ de la gare de Grenoble a lieu à13 h ½ avec arrêt à Moirans, Rives, Voiron, St André le Gaz, Bourgoin.
Dans toutes les gares ci-contre, un ¼ h d’arrêt, ceux qui ont leurs familles en sont tout heureux, moi je comptais trouver les miens en gare de Bourgoin. La dépêche que je leur ai expédiée ne doit pas être arrivée, j’en suis un peu déçu et je prends le noir un instant.
A l’arrêt de Lyon-Brotteaux qui est de deux heures, je sortais de manger un bouillon au buffet lorsque je trouve la femme de chambre de Mme Durand, Françoise Rat qui venait de passer quinze jours chez elle à Chazet sur Ain. On parle un peu de la maison, un peu de tout et surtout de la guerre, qui touche un peu tout le monde. Le départ sonne au revoir à Lyon.
Pour quelques jours, ce n’est plus la ligne de Berlin, et quand j’y repasserais je souhaite que tout aille mieux. Nous arrivons à Meximieux à 23 h où l’on débarque. Il nous reste encore à faire 9 km pour arriver à Béligneux, petit village à 2 km de la Valbonne où doit cantonner le 3° Bataillon.

20 Octobre - On arrive à 1 h ½ au cantonnement. Une heure que l’on attend sur place, il est 3 h quand on peut se coucher. La journée a été un peu longue et pénible, tous cependant se comportent bien.

29 Octobre - Ma femme vient me voir. Elle arrive à midi et se rentourne le lendemain

30 Octobre - A midi, la séparation est bien pénible, pourra t’on se revoir, peut être avec un bras ou une jambe de moins, le cœur se brise, cependant il faut se résoudre.

1°Novembre - Quartier libre pour aller à la messe, moi j’y ai assisté. Le soir nous avons de nouvelles tranchées au sud de Bellegnieux, sur un petit monticule où il y une croix et coïncidence  bizarrre,  pour un jour de Toussaint, nous déterrons un grand nombre de squelettes. On nous dit que nous sommes sur l’emplacement de la bataille de Montluel, livrée aux Autrichiens en 1814, ce qui fait un siècle. Quel singulier retour des choses.

9 Novembre - La brigade étant formée par le 106°, le 91° prend le N° de 193° brigade Général Montencret, l’autre brigade est formée par le 120° et 122° et forme division avec nous et prend le N° 97° division
commandée par le général Bizot. L’artillerie  de la cavalerie nous a rejoint ; le tout étant au complet, nous quittons Bélignieux à 16 h et embarquons à Meximieux à 20 h, un petit arrêt à Ambérieu de 5 mn ; à Bourg arrêt de 50 mn. Des territoriaux du 55°, munis d’un bidon passent devant chaque voiture et nous donnent à chacun un quart de thé chaud. Nouvel arrêt à St Amour, Louhans, Dijon, Montbéliard.

10 Novembre - Grande halte d’une heure, on touche trois boîtes de sardines par escouade. On fait un petit repas et l’on nous donne un café chaud, le train ayant été mis sur une voie de garage, on peut marcher, un peu pour se réchauffer,la nuit a été froide.
Nouvelle halte à Tonnerre, Sens, Montereau, Melun, Fontainebleau, Corbeil, Juvissy où l’on passe sur la ligne de grande ceinture, on passe à Palaiseau,Versailles,on traverse la forêt de St Germain, Pontoise où l’on débarque à 23 h. Dans la principale gare autour de Paris, les dames de la Croix-Rouge nous ont payé du thé au rhum, des cigarettes.

11 Novembre - On arrive à Livillers au cantonnement, le 3° bataillon à 1 h ½ du matin. La 9° compagnie est cantonnée dans une ferme un peu en ruine, il pleut. Dans bien des endroits, on couche dans des écuries malsaines et très humides. Voilà un voyage de 600 km qui s’est bien passé. L’on s’était muni de chacun un bidon de vin et différentes provisions que l’on avait eu le temps d’acheter chez les épiciers de Meximieux, on avait touché du rhum, fromage, bœuf en conserve et du pain à volonté, la nourriture ne nous manque pas.

12 Novembre - Petite marche à Hérouville, nous rencontrons des camions anglais pour le ravitaillement. C’est le premier soldat anglais que nous voyons, on nous dit qu’il est passé un avion Allemand et qu’une  section du 91° lui a tiré dessus ; ceci est probable, on est à moins de 72 km du front, quand c’est le vent du Nord, et que le temps est calme ; on entend le canon.
Quelques patrouilles de hurlants sont venus jusqu’à l’Allangougear, commune voisine. Les meules de blé sont encore toutes dans les terres et rien de battu. Je suis à me demander pourquoi les Prussiens n'ont pas brûlé tout ceci dans leur retraite, il faut croire qu’elle a été  bien rapide puisqu’ils ont reculé de plus de 50 km en un jour.

14 Novembre - La compagnie trace des tranchés à l’ouest de Livilliers, pour la 1° fois nous voyons le général de Montereau

13 Novembre - Mon escouade est de garde en petit poste, route de Génicourt, ma 2° garde, de 9 h1/2 à 11h ½, se passe bien, quelques ondées par moment, mais il ne fait pas froid, c’est le vent du midi qui souffle.
Au  loin un immense écran lumineux se dessine sur l’horizon, ce sont les lumières de Paris, plusieurs projecteurs fouillent la nuit d’une façon continuelle, disparaissant derrière un nuage pour reparaître plus loin, dans le calme et la silence de la nuit. Le tableau ne manque pas de grandeur. Si la science a trouvé des moyens de destruction, elle a parallèlement trouvé des moyens de défense

16 Novembre - Marche itinéraire, Génicourt, Gérocourt et épais, une marche d’exercice d’approche de l’ennemi. Que je n’aie mon fusil de chasse, le pays foisonne de gibier. Pour ma part, j’ai vu cinq lièvres et plus de 50 perdreaux.  A signaler aujourd’hui, le passage de nombreux  avions se dirigeant tous vers le Nord .

18 au 22 Novembre - Rien de bien intéressant, un jour de tranchée et un jour de marche ; pour chaque jour de tranchée, on touche 0,5 centimes qui sont versés à l’ordinaire, on touche un quart de vin, un quart de café, le tout fait 0,25 centimes, le reste est  à l’avenant.
Le temps est froid, il y a 9 degré au dessous de zéro, il ne fait pas chaud dans la paille. Si l’on pouvait ramasser du bois mort à volonté, on pourrait se chauffer, mais non, par ordre supérieur, tout ce qui peut faire plaisir est défendu sous peine de prison ; il y a deux pompes dans le village, défense de s’y laver.
Quand l’on passe ou que l’on séjourne dans un pays, le paysan et tout commerçant, nous vendent leurs marchandises au double, nous ne sommes que des clients de passage, inutile de nous ménager. Lorsque les allemands passent dans un pays ils prennent tout et la plupart du temps, brûlent ce qu’ils ne peuvent emporter, si quelqu’un proteste, on l’envoie au poteau et tout est dit.
Nous qui sommes soldats, qui avons tout abandonné, femme, enfants, qui peinons, perdons notre santé et sommes prêts à donner notre vie pour la collectivité et bien toutes les fois qu’ils le peuvent ( sauf  quelques rares exceptions) ces membres nous volent. Pour ne pas s’attirer d’histoire, on ne dit rien. Si par hasard l’un de nous se plaint, on consigne l’établissement à la troupe et s’il n’y en a qu’un dans le pays, c’est encore nous qui sommes volés. Pauvre soldat, l’on a déjà bien fait pour lui, il reste beaucoup à faire.

4 Décembre - Manœuvre de toute la division, grande halte entre Vallangoujar et Meaux, nous passons devant le château de la baronne de Vaughant, maîtresse du défunt roi des belges Léopol 1°.
Les journaux ont assez parlé de cette union morganatique (avec une roturière) à la mort du roi.

11 Décembre - Toute la division se déplace 106°,3° bataillon, départ de Livilliers à 7 h du matin, nous passons à Enneric Pontoise, nous traversons le pont, et prenons la direction de Paris, passons à Montigny sur Seine, Franconville et Sannois où nous couchons.

12 Décembre - Départ à 8 h du matin, nous passons devant Enghien, St Denis sur le bord du canal ; Aubervilliers et Pantin où l’on couche. Il est bien dommage d’être si près de Paris et de ne pouvoir le visiter.

13 Décembre - Départ à 7 h ½ nous prenons la route de Meaux, mais nous la quittons bientôt pour passer à Romainville ; devant le fort de Rosny. Montreuil sous bois, Nogent sous bois, passons juste devant le fort de Nogent, Le Perreux Fort centre sur le bord de la Marne, nous traversons le pont sur la Marne sur le bord, Brie sur Marne que nous traversons, faisons halte à l’entrée de Champigny où nous devons coucher, sur notre gauche le four à chaux historique qui a été pris et repris plusieurs fois en 1870.
 Nous rentrons dans Champigny à 14 h et sommes logés dans les écoles maternelles à droite en rentrant. Je puis visiter le monument français qui a été élevé aux morts pour la Patrie, des milliers d’hommes dorment de leurs derniers sommeil, cette visite en vaut la peine, on en sort l’âme trempée mais le cœur plein d’une certaine tristesse. Le monument est beau dans sa simplicité et puis élevé sur un plateau d’où l’œil embrasse très loin .Quelques cent mètres plus loin et le monument des Vugtembergeois que l’Allemagne a fait édifier il y a 3 ans.

14 Décembre - Nous quittons Champigny à 7h ½ du matin et passons devant le fort du même nom, nous traversons la Chenevrière, nous voici de nouveau dans la campagne Ormesson, important orphelinat d’enfants tuberculeux qui a été évacué, nous passons devant le fort de Sucy en Brie, Boissy, Stleger sur le bord de ma forêt.
Nous longeons le parc et passons devant le château du prince de Wagram, qui a été transformé en Ambulance (hôpital). Nous arrivons à Villeresmés à 14 h. Le pays est déjà occupé par le génie et l’artillerie, l’on ne trouve pas seulement une marmite pour faire le soupe.
Voilà une petite randonnée autour de Paris qui a été assez agréable, quoique chargé, je ne me trouve pas trop fatigué. A 4 h, je rencontre le lieutenant Mercier qui me demande pour rentrer dans la popote des officiers pour servir à table. Voilà qui n’est guère de mon métier, je suis indécis si je dois accepter. Je finis par dire oui. Me voilà valet de chambre ; pour combien de temps, je verrais bien.
Voilà 4 jours que j’ai quitté le rang, et bien je ne suis pas safisfait ; le temps me dure énormément, cette solitude me pèse, j’ai quitté des amis et puis dans les rangs, on change d’horizon, la vie y est plus active et l’on se distrait mutuellement.

20 Décembre - La compagnie quitte Villeresnei, j’accompagne la voiture d’état major du 3° bataillon où je peux loger mon sac et me faire charier un peu, profitons toujours du moment.
Nous repassons à Boissy St léger, laissons Sucy en Brie à notre gauche, passons à La Queue en Brie, la 9° et 10° compagnie vont cantonner à la ferme des Bardes près de Plessy-Trèvise où nous avons trouvé une jolie petite villa appartenant au maire pour faire la popote de nos officiers ; malheureusement rien ne va plus. Le commandant est resté à La Queue en Brie, avec lui, toutes les provisions, les officiers de la 9° vivent à l’hôtel.

23 Décembre - Adieu à notre villa-carmes, nous la quittons à 7 h du matin. La 9° compagnie va cantonner à La Queue en Brie et à Pontault, Seine et Marne. Nos officiers mangent à la 12° compagnie. Nous prenons de nouveau tous les deux notre place dans le rang, moi à ma section, qui est logée à la briquetterie Belge.

24 Décembre - A 11 h, je prends la garde pour 24 h au pavé, route de Paris Belfort, une jolie messe de minuit, fête de Noël , dont je me souviendrais.

26 Décembre - On quitte la briquetterie Belge pour venir à la tuilerie à Pontaud, le cantonnement est très mauvais ; aussi chacun murmure, on nous a dit que nous  n’y resteront pas longtemps.

27 Décembre - A 11 h de garde pour 24 h aux nouvelles Redoute du Nord, du camp retranché à environ 1 km à l’est de Pontault, de nombreux ouvriers civils y travaillent encore.

27 Décembre - Départ de Pontault, Seine et Marne à 7h1/2, nous passons à La Queue en Brie, on se réunit, tout le 3°bataillon, qui part tout seul, nous passons à Armessis,Sucy en Brie, Bonneuil, traversons la Seine à Chazay le Roi, nous passons devant le monument de Rouget de l’Isle, auteur de la Marseillaise, nous allons nous coucher àThiais Seine, toute la compagnie est logée à la maison du travail. Nous sommes seulement à 8km de Paris.

30 Décembre - Départ à 7h1/2 du matin, nous passons à Rungis, Fresne, Antony, Massy et Palaiseau où l’on arrive à 13 h. Nous sommes logés dans le fort et avons des lits, c'est-à-dire que nous sommes presque bien, par rapport à la vie que nous avons menée voilà cinq mois.

31 Déc.- repos
                                                                          1915

1°Janvier 1915 - Souhait de bonne année et petit discours fait par le capitaine.

2 Janvier - A ma dernière étape et à l’arrivée au fort, j’ai pris froid, aussi je tiens un bon rhume

4 Janvier - Je reprends mon service, le temps me dure de ne rien faire.

5 Janvier - Ma section est de garde à Palaiseau poste d’examen à l’Eléphant.

6 Janvier - J’étais à peine rentré de garde et mangé ma soupe, que j’ai une annonce de la visite de ma sœur Joséphine. Voilà 9 années que je ne l’ai vue, je la trouve bien changée, je l’accompagne jusqu’à la gare de Palaiseau, elle se retourne par le train de 17 h ½

7 Janvier - Comme il fait un peut frais et que mon rhume ne va pas bien mieux, je me fais de nouveau porter malade, je suis reconnu comme bronchite et rentre à l’infirmerie du fort, où je reste 20 jours, on a des draps et des matelas, des couverture à volonté, l’on n'y est pas trop mal.
D’ailleurs l’on est peu nombreux peut-être 10 en tout, quelques artilleurs. Il y a 600 hommes d’artillerie du côté de la Rochelle, qui occupent des forts et reçoivent du renfort dont 200 avec nous au fort de Palaiseau. L’infirmerie sert pour tout le monde, ceci ne fait pas beaucoup de malade, pour environ 900 hommes.
Il faut croire que la clémence du temps nous est assez favorable. L’on passe tout son temps au lit, à manger et à jouer à la manille, il n’y a point de trop malades, ceux qui ont trop du mal sont évacué à l’hôpital de Versailles, pendant ce temps a lieu la vaccination contre la fièvre typhoïde. Comme étant à l’infirmerie, j’y échappe, j’en suis presque bien aise quelques uns en sont réellement malade.
(Revue et appel de la compagnie par le colonel)

27 janvier - Je sors de l’infirmerie complètement remis et je reprends mon service ; toujours du même ; des marches, exercices, et de garde tout les 4 jours. Il y a 3 postes à fournir : à l’Eléphant, au fort et une Redoute aux plateaux
De la veine, nous avons une revue du Général Michel qui commande le secteur sud

Février 1915 :
Rien de bien intéressant, toujours le même travail

Mars 1915 :
On parle de nouveau de notre départ d’ici, tout le bataillon va à Jouy en Josas, pour la revue du Colonel d’artillerie, ce qui nous fait environ 16 km aller et retour. Pendant les premiers jours du mois nous visitons un peu toute la commune environnante.
J’obtiens une permission de 24 h pour Paris Sèvres. Partant de samedi 5h1/2 au lundi 9h. Je soupe chez ma sœur ; 90, grande rue à Sèvres et couche. Le dimanche matin je visite Versailles et reviens dîner à Sèvres. Le dimanche soir, je peux visiter Paris, et couche près de la gare Denfert au Parc Hôtel, route d’Orléans. La vie se continue assez tranquille tous les samedis travaux de propreté et de couture. Le dimanche matin, libre jusqu'à 11 h ; de midi à 1 h, causerie sur les principaux faits de guerres par MM. les officiers et marche d’une heure, à 4 h.
Voici quelques temps on parle de nouveau de notre départ. Finalement l’ordre arrive de rejoindre le régiment le samedi matin 30 mars.
Je l’apprends en gare, juste au moment, que ma femme arrive, pensant rester ici quelques jours.
J’avais une permission pour Paris ; et voilà tous mes calculs réduits à néant. Je couche chez Tabassus, route de Paris.

21 Mars - Le départ a lieu le dimanche à 10h, ma femme va à Paris et revient le soir me rejoindre à Anthony, où nous cantonnons. J’avais retenu une chambre à l’Hôtel du Cheval Blanc. Le départ a lieu le lundi matin à 8 h, c’est le moment de la séparation, bien pénible, ma femme me quitte pour se rentourner.

22 Mars - Nous repassons à Fresne, Choisy le roi, et nous couchons à l’école de Bonneuil. Le mardi départ à 7h1/2, nous passons à Sucy en Brie sur le bord de la forêt d’Armouville. La 9°, est chez M.Calpin, ferme Astier

27 Mars - Tir à Ponteaux , 10 hommes par compagnie, moi j’en suis.

28 Mars - Je suis nommé planton chez le commandant ; 24 h de service et pendant ce temps coucher au poste de police et 24 h de repos, exempt de service, mais coucher aux cantonnements.
Voici un pays de 450 habitants qui ne me plairais guère , il y a trois châteaux, dont le principal est celui de M. Pathé, fabrique de disques Pathé et 4 grosses fermes qui occupent tout le terrain. Celle où l’on est logé paye 22 000 francs de ferme. Peut-être 10 commerçants et tout le reste des habitants ; domestiques de père en fils, impossible d'acquérir un lopin de terre, pour vivre indépendant. D’après les gens d’ici et il parait que dans la région c’est presque partout de même ; aussi le riche et le pauvre me parait plus prononcé que chez nous.

6 Avril – A 8 h du matin tout le 3° bataillon quitte Roissy ; nous faisons la 1° pose dans la forêt d’Armouville et longeons puis le mur du parc du Baron de Rothschild et passons près du château principal. Je dis principal, car dans tout le parc qui est immense, il se trouve un grand nombre de pavillons qui sont de véritables châteaux. Nous traversons Ferrières, 850 habitants, où est cantonné le 1° bataillon tous les mitrailleurs et la section. Le 2° bataillon est à Pontcarré.
Nous arrivons à Jossigny à 13 h, ma section se trouve logée au presbytère, en arrivant je reprends mon service de planton chez le commandant dont le bureau est à la Mairie, nous trouvons ici notre artillerie divisionnaire qui est cantonnée dans les environs. l’Etat Major de la Brigade et de la Division est à Lagny, 5km d’ici.

14 Avril - Tir pour tout le monde à Villeneuve le Comte à 7 km d’ici et repas sur le terrain, je mets 7 balles sur 8.

15 Avril - Je vais à Lagny avec le fourrier d’ordinaire pour voir un puits. La ville n’est pas trop mal, elle se trouve dans un bas fond, où coule la Marne.
Deux ponts relient ses rives. Un, de pierre et un de fer. On les a détruits tout les deux à l’approche des allemands. Actuellement l’on a rétabli un pont en fer très étroit sur les débris du pont de pierre sur lequel se fait tout le trafic. Il ne peut passer qu’une voiture à la fois.

17 Avril - Je vais à la messe à Jossigny, les gens ne me paraissent guère dévôts, sur une population de 480 habitants, il y a environs dix civils à la messe.

20 Avril - Nouveau tir à Villeneuve le Comte.

26 Avril - Manœuvre à Double action contre le 2° bataillon. Tout le monde marche, moi j’en suis. Départ à 6h du matin. La manœuvre a lieu entre Villeneuve le Comte, Villeneuve, St Denis, et le village. De la route où elle prend fin.
On a manœuvré presque tout le temps sous-bois. Que de gibier que l’on dérange : lapins, lièvres, chevreuils ,faisans, coqs de bruyère, perdrix tous fuient devant nous, quelques uns se laissent prendre, ils sont assommés à coup de crosse et servent pour améliorer l’ordinaire.

29 Avril - Nouveau tirs à Villeneuve le Comte

7 Mai - A 8 h du matin, nous quittons Jossigny, passons, Serris, Ramouville, Dainville et traversons la grande route de Meaux à Melun. La nature change brusquement.
A la grande plaine que nous venons de quitter succède un pays plus accidenté, chacun se trouve heureux de ce changement. Tous disent : Ah le beau pays, c’est la vallée du Grand Marin, la propriété me parait bien plus morcelée  que d’où nous venons. L’on se croirait dans quelques coins de l’Isère ou du Bugey, et cette ressemblance avec nos pays est certainement pour quelques choses à la satisfaction que l’on éprouve. A midi nous arrivons à Villers sur Morin où nous couchons.

8 Mai - Comme planton, je pars à 4 h ½ du matin avec le campement, conduit par l’adjudant de bataillon. Nous traversons la rivière du Grand Marin, près de la gare, passons à Crécy,  Les hautes Moissons, Pierrelevé, laissons Montereau à notre gauche ; c’est dans ce pays qu’est le vieux château en ruine de Gabrielle d’Estrée, maîtresse du roi Henri IV.
Nous passons à la ferme de la Noue et arrivons à St Jean les Deux Jumeaux à 11 h ½.  Une pose de ½ h, le temps de choisir les cantonnements ; ma section est logée à la ferme Tronchon, route de Meaux. Le bureau du commandant est dans la maison Mathias, cour du Palais, rue d’en bas.
Le 122° Territorial nous a précédés ici et a laissé le bureau dans un  assez mauvais état, nous en avons pour toute l’après-midi pour le nettoyer, aussi le soir, je suis vanné. Jeudi dernier, je me suis fait inscrire pour une permission de 24 h pour Meaux, elle m’est accordée, je n’en suis pas même content ; je ne pourrai guère en profiter, je suis las de mon voyage.

9 Mai - Je pars le dimanche matin à 7 h 20, et passe ma journée à Meaux où je déjeune. J’ai bien le temps de visiter la ville qui n’est pas très grande, une belle cathédrale du XIII siècle. Je réussis bien, c’est l’heure de la grande messe, dite par l’évêque de Meaux, j’ai donc l’honneur de le voir et de l’entendre prêcher. Une chose assez originale ; c’est deux moulins bâtis au milieu de la Marne et soutenus par de nombreux pilotis en bois.

21 Mai - Cette nuit le vent étant favorable, on entend le canon d’une façon continuelle, le bruit nous vient du coté de Soissons, tous ne sont pas si tranquilles que nous.
Tout le 3° bataillon fait des tranchées sur les côteaux de la rive gauche parallèle à la Marne.
J’ai une permission de 48 h, (j’en ai deux de 24 h ) il m’est donc possible d’aller chez moi.

22 Mai - Je pars le samedi à 17h20 et arrive à Nivolas le lendemain matin à 9h20, on ne m’attendait pas ; aussi tout mon petit monde est bien surpris.
Que de changement en dix mois d’absence, mes enfants on bien grandi, ma femme a un peu vieillie, elle a beaucoup trop de travail de toute façon, pendant que l’on ne fait rien qui vaille ; quand donc que tout ceci finira, pauvre femme, elle est bien à plaindre.
Quelle drôle d’impression que l’on éprouve à tous ces changements, il semble que l’on revient chez soi en étranger. L’on se croit de trouver les choses et les siens tels qu'on les y a laissés, on ne se rend pas compte que la vie ne s’arrête pas.
Je passe environ 20 h chez moi c’est bien court mais enfin, je m’estime bien heureux de ce peu de temps passé en famille. Je repars avec regret, le lundi matin à 6h ½ de la gare de Bourgoin pour, arriver à changer à 21 h ½, il a fait bien chaud dans le train il y a beaucoup trop de monde en raison des fêtes de Pentecôte.
Les soldats qui sont dans les dépôts sont plus heureux que nous, ils ont facilement des permissions, aussi il y en a beaucoup dans les trains. Pour nous autres, il faut un cas très grave pour aller chez soi, ou bien faire comme moi, y aller en contrebande, et si l’on est pris c’est un cas de conseil de guerre. C’est bien s'exposer pour peu de temps, heureusement tout se passe bien et personne ne m’a réclamé à  la compagnie ; il n'en est pas pour tous de même ; quelque uns ont 4 et d’autres 8 jours de prison.

25 Mai - A 10 h je reprends mon service, Perret l’ordonnance de l’adjudant de bataillon étant parmi les punis, il est relevé de ses fonctions, l’adjudant me demande si je veux le remplacer pour faire son lit et sa chambre le matin.  J’accepte. Me voilà donc planton et ordonnance tout à la fois, et je couche dans un lit, près du bureau (pour le moment je suis favorisé).

30 Mai - J’ai la visite de Romain Borot, qui est à la 4° compagnie du 1° bataillon. Devant bientôt partir pour le front, il vient nous faire ses adieux, à moi et à Douillet

4 Juin - Départ du 1°bataillon à 6 h de Montceaux, il embarque à 9 h à Meaux pour une destination inconnue.

5 Juin - Arrivée à Meaux de 2 bataillons de remplacement, le 103° et le 98° l’équipe d’embarquement du 3° bataillon est allée les débarquer.

8 Juin - Le 3° bataillon fournit un adjudant plus 2 sous-officiers, sergents, par compagnie pour l’instruction des nouveaux bataillons de réserve 64°,98°,103° et 118°.
Tout le reste du bataillon continue à faire des tranchées.

12 Juin - Aujourd’hui, on entend le canon bien mieux que les autres  jours, on dirait un orage lointain et le roulement du tonnerre

15 Juin - Départ des permissionnaires agricoles pour quinze jours

30 Juin - L’ordre arrive de se tenir prêt à partir, les permissionnaires doivent rentrer ce soir
Juillet 1915

10 Juillet - Départ de St Jean à 4 h du matin c’est le pays duquel je garde le meilleur souvenir, nous couchons à Montreuil les Meaux

11 Juillet - A 4 h du matin, départ. Nous passons à Quincy Segny, nous traversons encore une fois la rivière du grand Marin, Montry, St Germain et nous couchons à Chesy

12 Juillet - Départ à 3 h, nous passons à Montéverin ; Sagny et allons cantonner à Torcy, joli pays de 250 habitants à 6km de Lagny, et 3 km de Noisiel, où est la grande fabrique de chocolats Menier

14 Juillet - Repos, petit banquet et le cigare traditionnel

18 Juillet - En compagnie de quelques camarades, nous allons visiter la fabrique Menier à Noisel. depuis la guerre, elle travaille un dimanche sur deux. On nous a donné un garde très complaisant pour nous faire visiter. Il nous fait voir toutes les transformations nécessaires pour arriver à la tablette de chocolat, une grande partie du travail se fait avec des machines ; toutes les parties de l’usine sont d’une très grande propreté, ce n’est pas l’eau qui manque, la Marne passe à coté.
Nous avons remis chacun un petit pourboire au guide. Le pays qui est tout en villas ouvrières avec un petit jardin, est bâti tout sur le même modèle, il y a un hôpital une maison de retraite, une garderie pour enfants et le tout est payé par M. Menier.
Les ouvrières touchent une indemnité pour leur lavage, aussi tout le monde est très propre, et parait content. Voilà une organisation modèle qui devrait servir d’exemple à beaucoup.

20 Juillet - L’ordre arrive de se tenir prêt à partir pour le front, nous touchons une cuisine roulante par compagnie et une voiture à viande pour le bataillon

26 Juillet-  Nous quittons Torcy pour embarquer à Lagny à 16 h1/2. Nous passons à Meaux, Changy, La Ferté sous Jouare, Château Thierry, Dormant, Epernay.
Nous achetons une bouteille de champagne à 4, ce qui nous fait chacun 1 franc 25.

27Juillet - Nous débarquons à Dombasles le matin, cette fois-ci nous voilà dans la zone des armées et pas loin du front. Les Taubes(avions allemands) sont venus hier soir jeter 8 bombes sur le village, dont une n’a pas éclaté.
Maintenant l’église et les maisons autour sont transformées en ambulances, couvertes par la Croix Rouge ; c’est justement le quartier qu’ils ont visé, avec des bombes incendiaires.
Après avoir mangé et pris quelques heures de repos, nous allons à Jouy, un tout petit pays de 160 habitants, on ne trouve rien, tellement il y a déjà passé des troupes, l’intendance nous ravitaille pour tout. En faisant le nettoyage des cantonnements, nous trouvons beaucoup de cartouches et différents équipements militaires français, tout ceci doit avoir été laissé par des blessés. Ici la vie change complètement. La proximité de l’ennemi et la crainte des avions allemands obligent à certaines précautions.
Ce soir nous avons un feu d’artifice, une lutte entre nos avions et les canons boches, qui ne leur épargnent pas les coups. Sans résultats, la nuit commence à tomber, on voit éclater les obus, trop haut, ou trop bas, on suit cette lutte qui dure plusieurs heures. Aucun des nôtres n’est touché.  Heureusement que les boches sont des maladroits.

28 Juillet - Le vent souffle du Nord un joli temps, l’on entend bien le canon, ceci doit être une musique continuelle. Le soir a été un peu calme, quelques coups de canon, de loin en loin
29 Juillet - Ce matin de bonne heure, la musique recommence de plus belle, on doit pouvoir danser tous les jours.

30 Juillet - Défense absolue de  donner par lettre l’endroit où l’on se trouve et aucun mouvement ou opérations des troupes.
On prend des mesures d’hygiène, un vrai nettoyage des cantonnements et des alentours, cet ordre est général et dans l’intérêt de tous et peut nous éviter des épidémies.

2 Août - Départ de Jouy en Argonne à 10 h .Nous passons à Dombasles avant d’arriver à Montzeville la route se trouve à découvert, on nous fait marcher par ligne de section à 30 pas, tout mon peloton est logé à la 1° maison à droite en arrivant à Montzeville, le pays est déjà occupé : 1 bataillon du 141°d’active, 1 bataillon du 111° d’active, 1 bataillon du 122° Ter., le 1° bat. Du 106° Ter., 1 groupe du 55° et 38°d’artillerie de campagne et du 50°lourde.

3 Août - Dans l’après-midi, les allemands lancent quelques marmites (bombes) sur le village, les dégâts sont nuls.

4 Août - La 9°compagnie est désignée pour aller cantonner à Esnes ; le terrain étant encore découvert, nous sommes obligés de nous défiler homme par homme à 50 pas. Nous sommes logés dans Esnes, grande rue, une maison dont un côté est éventré par un obus. Il y a déjà bien des blessés, aussi les allemands envoient presque tout les jours des marmites, mais elles se perdent dans les terres, autour du village.
Le village se trouve adossé contre un côteau et cette situation le protège un peu contre un bombardement. Le pays est occupé par le 258° d’infanterie, 2 bataillons du 141° d’active, le 2°bataillon du 106°Ter., 1 compagnie du génie, un groupe du 55° d’artillerie de campagne et du 5° artillerie lourde.

5 Août - Je reprends mon service de planton, on couche au poste de police, Mairie d’Esnes. Il faut coucher sur la planche, il n’y a pas de paille, mais les poux ne manquent pas.
On voit des soldats faire la chasse aux poux le matin en se levant, il suffit d’un homme sur 10 qui ne se tienne pas propre pour conserver cette semence et la transmettre à ses voisins. Cela  a été trouvé dans des tranchées prises aux allemands  et il est très difficile de s’en débarrasser.
Dans les villages où les troupes viennent aux repos on a organisé des bains douches et tous les soldats sont obligés d’y aller. Par ce procédé, je pense qu’on arrivera à les détruire.

11-12-13 Août - Notre secteur a l’air de devenir plus mauvais, le duel d’artillerie est plus intense et les nôtres répondent largement et n’ont plus l’air si avares de munitions que dans le passé.
Je viens de visiter une de nos batteries lourdes de 120 long, route de Bethincourt, les marmites allemandes viennent de tomber tout autour. Quelques unes à 3 mètres des pièces, c’est des 105, qu’ils ont envoyées.
Il n’y a pas eu de dégât, un trou de 1 à 3 mètres de diamètre avec de bons abris , il est assez facile de se protéger.
Plus à notre gauche dans la direction de Vauquoin, Ste Ménéhoulde, la lutte est toujours violente, les allemands voudraient couper la ligne qui vient à Verdun et isoler cette place. S’ils y réussissaient, nous qui sommes dans le fer à cheval que forme le front de St Menechoulde, Verdun, St Michel, nous pourrions voir des jours plus mauvais

14 Août - Pas de journaux cela arrive quelques fois ma compagnie continue à faire des tranchées la nuit ; il faut voir l’animation qu’il y a dans le village, quand arrive 7 h du soir.
Les compagnies qui travaillent de nuit se préparent à partir et d’autres, c’est pour faire la relève aux tranchées ; c’est un défilé ininterrompu de voitures à ravitaillement et de toutes sortes de matériaux, un roulement de caissons et munitions de toutes sortes qui dure jusqu’au matin.

18 Août - A 21 h l’ordre arrive : se tenir prêt à évacuer le village, on craint un bombardement, qui ne se produit pas, la nuit s’écoule assez tranquille, sauf les quelques coups de canon habituels.

 

Dernière page écrite sans doute en 1919, après la guerre

Mobilisé ; au 106°  Régiment  d‘Infanterie  Territorial, 9° compagnie, le 7 août 1914

Parti à Verdun, le 27 juillet 1915

Passé à la 11°compagnie à Nereufrort ; Belgique le 22 août 1916

Passé au Groupe d’exploitation CNAD, 168°Division, le 1°août 1918

Démobilisé le 31 janvier 1919

A l’intérieur du 7 août 1914 au 27 juillet 1915
Au front du 27 juillet 1915 au 11 novembre 1918

 

 

Livret militaire :
 
Mobilisé le 8 août 1914, affecté 106° compagnie d’infanterie
Passé à la 11° compagnie, en juin 1916
Envoyé en congé illimité, le 28 janvier 1919

   Campagnes :
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    AUTRICHE
    HONGRIE
    TURQUIE
    BULGARIE

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