Du couvent à la maison pour tous

Du couvent à la maison pour tous
Tous les Nivolaisiens connaissent ce bâtiment qui héberge la poste, les services techniques et la salle pour tous. Certains l’appellent encore l’ancien couvent. En un peu plus de cent soixante ans ce bâtiment a occupé plusieurs fonctions et connu plusieurs transformations qui ont fortement modifié son aspect d’origine.

Une école pour les filles

Tout commence en 1851. A cette époque on pensait que les filles des campagnes n’avaient pas besoin d’aller à l’école pour savoir s’occuper de leur foyer ou travailler comme ouvrières.


Mais une femme n’était pas de cet avis. Il s’agit de Madame Marie Garnier, Veuve de Monsieur Jean Antoine Garnier, cofondateur avec son frère Jean Baptiste de l’usine de  tissages du Vernay en 1796. Madame Garnier pensait que la femme doit savoir lire, écrire et compter aussi bien que son mari, qu’en sa qualité de gérante de l’intérieur du ménage elle doit avoir de l’ordre et de la propreté et même savoir raccommoder. Elle considérait aussi que pour la préserver de tout écart il est prudent de lui inculquer quelques principes religieux… Elle fit donc construire à ses frais une école pour dispenser aux jeunes filles pauvres de la commune l’instruction de l’église catholique, apostolique et romaine. Cette école était dirigée par des religieuses de l’ordre de « notre dame de la croix » que venait de fonder Mademoiselle Adèle de Murinais pour l’instruction et l’éducation des filles des champs et pour les soins à donner aux malades des campagnes. Mademoiselle Olympe Poulat, dite Sœur Marie Jude, fut la première institutrice communale. Madame Garnier fit ouvrir quasi simultanément trois  établissements semblables.
 
Création d'un pensionnat pour les filles

Mais Madame Garnier ne s’arrêta pas là. Toujours de ses deniers, elle fit construire un pensionnat annexé à l’école de filles pouvant accueillir 25 pensionnaires. Le 21 mai 1859, le Conseil Municipal de Sérézin, dont dépendait Nivolas, donna un avis favorable à l’ouverture de ce pensionnat qui obtint plein succès. Après le décès de Madame Garnier, c’est sa nièce Mademoiselle Césarine Garnier, qui habitait avec elle au Vernay, qui hérita de la surveillance de ses établissements et eut le soin d’en régler l’avenir. Dés la succession recueillie, Melle Césarine Garnier déposa chez Maître Guinand, notaire à Lyon, un testament olographe daté du 31 octobre 1866 par lequel elle léguait à l’évêque de Grenoble les maisons d’école de Sérézin et Nivolas. Elle y ajouta une rente annuelle et perpétuelle de 200 francs au profit de chacune de ces deux écoles, soit en tout 400 francs, pour le traitement du personnel enseignant,  avec en plus l’obligation pour ses héritiers universels, Faidides, d’entretenir les deux immeubles. Après le décès de Césarine Garnier en 1872, le Conseil Municipal consulté donna l’avis le plus favorable à l’acceptation par l’évêché de Grenoble de ce legs dont la commune retirait tout le profit sans n’en subir aucune charge.

Création de la classe enfantine

Une nouvelle extension du bâtiment eu lieu afin d’ouvrir une classe enfantine (ancienne appellation des écoles maternelles). Cette extension comprenait une habitation pour l’institutrice, qui correspond à l’actuelle poste et une petite salle prolongée par un préau, qui correspond à l’aile du bâtiment qui abrite aujourd’hui le foyer des retraités.

Vers la fermeture du pensionnat et de l'école privée

 


Les écoles fonctionnèrent sans problèmes jusqu’en 1902, année à partir de laquelle les lois portant laïcisation de l’enseignement public commencèrent à entrer en application. Le préfet demanda la fermeture de l’école et le retrait des religieuses au siège de leur congrégation. Le Conseil Municipal, par une délibération, apporta son soutien à une pétition de 628 habitants de la commune de Nivolas à l’adresse du Ministre de l’Intérieur « pour laisser les sœurs de Notre Dame de la Croix de Murinais dans le local qu’elles habitaient, car depuis environ 50 ans, elles n’ont cessé de porter secours aux malades et aux indigents, et continuer à soigner chez elles les enfants des ouvriers qui vont travailler aux usines et aux champs». Mais cette délibération du Conseil Municipal fut déclarée nulle et de nul effet par un arrêt du Préfet et la demande de maintien des écoles libres fut refusé. La loi de 1905 sur la séparation de l’église et de l’état aboutit à la confiscation des immeubles de l’ancien couvent. Un décret du 30 août 1908 attribua à la commune de Nivolas les bâtiments ainsi que la rente perpétuelle de 200 francs.
Le 28 septembre 1908, le bâtiment  complètement abandonné fut mis sous séquestre. Au mois de novembre de la même année, Joseph Faidides, assisté de son gendre Lucien Jocteur Monrozier, intenta une action en révocation. Un compromis fut trouvé entre les héritiers et la commune. Une convention fut passée le 2 septembre 1909 entre Louis Douillet, Maire de Nivolas, et Joseph Faidides. Ce dernier abandonna à la commune la pleine propriété et libre disposition des bâtiments  faisant l’objet de l’attribution du 30 août 1908 et la commune déclara renoncer à la rente de 200 francs. Depuis l’achèvement du nouveau bâtiment qui comprend la mairie et le groupe scolaire à la fin de l’année 1907, les jeunes filles de Nivolas pouvaient de nouveau être scolarisées, mais il n’y avait plus d’école enfantine. Aussi, depuis la fin de l’année 1908, la municipalité avait comme projet d’aménager l’ancien couvent afin de créer une école maternelle, des logements ouvriers et un bureau de poste. Le projet  fut confié à Monsieur Louis Berraz, un architecte de Bourgoin et les travaux réalisés par un entrepreneur de Sérézin, Monsieur Poncet. Une partie du projet  fut financée par la vente en avril 1909 du presbytère qui avait un temps été pressenti pour accueillir le bureau de poste.

Le couvent transformé en logements sociaux et création de la poste et de la classe enfantine


 

La réception définitive des travaux eut lieu le 1er avril 1910. Le nouvel ensemble comprenait 8 logements ouvriers, un bureau de poste avec logement pour le receveur à l’étage et une classe enfantine.
En 1978, les classes de maternelle furent transférées dans les locaux de la nouvelle école. La même année il fut demandé aux derniers locataires de l’ancien couvent de prendre des dispositions pour se reloger pour des raisons de sécurité et de salubrité. En 1979, l’ex classe de maternelle de l’ancien couvent, désormais inutilisée, fut aménagée pour devenir le local du club des retraités. Enfin, en 1984, un dernier projet de transformation du bâtiment vit le jour. Il s’agissait  d’aménager une salle de réception à l’étage « La salle pour tous » et de créer des locaux pour les services techniques de la commune au rez-de-chaussée. La réception des travaux eut  lieu le 27 novembre 1985. Cette dernière transformation donna au bâtiment l’aspect que nous lui connaissons aujourd’hui.
Il reste dans le mur de façade est, entre les deux portes de garage des services techniques, une petite niche qui devait autrefois abriter une statue, vestige de la vocation initiale de ce bâtiment qui est sans doute l’édifice qui a le plus accompagné le développement de notre commune.
        

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