Le monument aux morts

Le monument aux morts
Au lendemain de la première guerre mondiale qui a fait, 4 millions de morts en France, les communes érigent des monuments dédiés aux soldats tués durant le conflit. Le but de ces monuments est de rendre hommage à ceux qui ont donné leur vie pour le pays. Mais à l'époque c'est aussi le moyen de rassembler la population et de faire participer la commune au travail de deuil des familles. Selon les endroits le monument se présente sous la forme d'un obélisque, d'une stèle, ou d'une statue. Dessus sont inscrits les noms des personnes décédées durant le conflit ou des suites de celui-ci, qui sont nées ou ont résidé dans la commune et déclarées « mort pour la France », Ainsi certains noms peuvent figurer sur plusieurs monuments.
A Nivolas, la construction du monument est décidée lors de la réunion du Conseil Municipal du 29 juin 1919. Une souscription publique est organisée afin de le financer. Le projet est confié à Mr Gonnet, marbrier à Bourgoin. Le devis s'élève à 7000 francs. Il comprend la fourniture du monument, le transport et la pose sur béton. Les lettres gravées étant comptées en plus. Ce devis est approuvé et il est prévu que le paiement soit effectué avec les sommes recueillies par la souscription plus la somme de 1000 francs prévue au budget communal.

Le 23 octobre 1921, le Maire Louis DOUILLET informe le conseil que l'exécution du monument est sur le point d'être terminée et qu'il y a lieu de fixer l'emplacement qui lui est destiné. Parmi les diverses propositions qui ont été soumises au conseil municipal deux d'entre elles sont retenues plus spécialement.
La première de ces propositions a pour objet de placer le monument commémoratif en face de la Mairie et des écoles communales, dans l'espace laissé libre par l'intersection des trois chemins qui y aboutissent (le prolongement de la rue de l'hôtel de ville qui passe entre l'HLM Les Jonquilles et la cure n'existait pas encore).
La deuxième consiste à l'élever sur la place publique, à huit ou dix mètres de l'église, entre les deux derniers tilleuls, face à la place publique et à la route nationale (à l'emplacement actuel du bassin situé sur le côté de l'église).
Pour souligner l'importance du positionnement du monument le Maire Louis DOUILLET expose au conseil municipal que: « le monument commémoratif aux morts de la grande guerre aura pour objet de rappeler à travers les siècles, les noms glorieux des enfants de la Commune de Nivolas-Vermelle, tombés en défendant à la fois le sol de la nation et les immortelles conquêtes de la révolution Française et de la république. Par le nombre des morts qui y est inscrit, il rappellera aux générations futures toute l'horreur de la plus effroyable des guerres déchaînées par l'impérialisme. Le monument sera un emblème d'une haute portée morale ».

Après une étude approfondie le conseil reconnait que l'emplacement sur la place publique présente d'assez sérieux inconvénients. Le monument serait plus exposé aux détériorations par suite de la circulation qui s'y produit les jours de fête, en outre il peut-être préférable de ne pas placer le monument sur un emplacement où ont lieu toutes les fêtes foraines, foires, etc.
L'emplacement devant la Mairie parait devoir présenter des avantages certains. Entouré par trois routes, les noms inscrits sur les différentes faces du monument se présenteraient dans les mêmes conditions. Placé devant les écoles il rappellerait constamment aux jeunes générations les noms des martyrs tombés pour sauver la liberté. D'autre part, par une disposition particulière des lieux, l'emplacement forme une symétrie parfaite avec les bâtiments et constructions qui entourent le carrefour, et l'agent voyer consulté a déclaré qu'il ne pourrait en résulter aucun inconvénient pour la circulation.  Le conseil municipal après en avoir délibéré décide que le monument sera élevé devant la Mairie à la partie centrale du carrefour. La partie à l'est étant dans l'alignement du mur de clôture des jardins des instituteurs, la partie sud dans l'alignement d'une ligne droite allant de la Mairie à l'angle du mur de clôture de la maison Poulet.

Ensuite est arrêtée la liste définitive des soldats morts au champ d'honneur dont les noms doivent être inscrits sur le monument. Le conseil après avoir pris connaissance de la liste sur laquelle les noms des soldats ont été inscrits par la Mairie pendant la guerre dans l'ordre dans lequel celle-ci était informée des décès, décide d'inscrire sur le monument tous les noms figurant sur cette liste. Il
décide en outre de transcrire dans le registre des délibérations afin d'en conserver les traces et le souvenir les noms figurant sur la dite liste ainsi que toutes les annotations qui y sont jointes. Voici cette liste des 51 noms avec les annotations et pour certains un complément d'information :

BEL Louis, Caporal brancardier, 99° régiment d'infanterie, tué à l'ennemi en Basse Alsace le 21 août 1914.
MARMONIER Léon, 30° régiment d'infanterie, tué à l'ennemi le 20 août 1914 à Bourg-Bruche (Alsace).
MARMONIER Stéphane, 22° régiment d'infanterie, tué à l'ennemi le 24 septembre 1914 à Chuignes (Somme).
PONCIN Marius, 22° Régiment d'infanterie, mort le 30 septembre 1914 à l'hôpital complémentaire n°04 de Rennes des suites de blessures de guerre.
POULET Claudius, 30° Régiment d'infanterie, disparu à Foucaucourt (Somme) le 25 septembre 1914.
DE RIVOIRE LA BATIE Eugène, Sous-lieutenant au 14° Chasseurs, tué au combat de Hénin sur Cojeul du 2 octobre 1914.
PONSARD Joseph, 22° Régiment d'infanterie, tué à l'ennemi à Foucaucourt (Somme) le 3 octobre 1914.
VELLET Eugène, 22° Régiment d'infanterie, tué à l'ennemi à Foucaucourt (Somme) le 2 octobre 1914.
LEGER Alfred, 11° Bataillon de chasseurs, tombé au champ d'honneur le 7 mars 1915 à Sultzeren (Alsace),
ARMANET Joseph, 4° chasseurs, décédé  le 25 février 1915 à l'hôpital de St Nicolas du port (Meurthe et Moselle) des suites de maladie,
BERNARD Rémy, Caporal au 13°chasseurs, décédé à l'hôpital temporaire auxiliaire 4/58 du Thillot (Vosges) le 24 mars 1915 à la suite de maladie contractée au front.
MUET Jean, Caporal au 22°Régiment d'infanterie,tué à l'ennemi le 22 mai 1915 à Maricourt (Somme),
BENOIST Pierre, Maréchal des logis au 9°régiment de dragons, mort pour la France le 31 mai 1915,
PERRIN Raymond, 3° chasseurs, tué à l'ennemi à Hilsenfirst (Alsace) le 4 juin 1915,
GAILLARD Henri, 28°chasseurs, tué à l'ennemi le 23 septembre 1915 à Metzeral (Haut Rhin),
MATHAN Auguste, 299° Régiment d'infanterie, tué à l'ennemi le 15 octobre 1915 aux avants postes du sous-secteur de Reillon,
GAYET Auguste, 328' Régiment d'infanterie, tué à l'ennemi le 3 Joctobre 1915 à Tahure (Marne).
PAILLET Firmin, Brigadier 11°Régiment d'artillerie, décédé à l'hôpital de Nivolas le 7 décembre 1915 d'une maladie contractée au front.
GOY Henri, 28° bataillon de Chasseurs, décédé à l'hôtel Dieu à Lyon le 2 mars 1916 des suites de blessures de guerre survenues le 2 décembre 1915 au combat de l'Hirzstein (éclats d'obus jambe gauche et épaule gauche).
BONIN Victor, 110°Régiment territorial d'infanterie, décédé le 5 juin 1916 à Landrecourt, ambulance 4/54.
RAJON Joseph, 22° Régiment d'infanterie, mort pour la France le 22 juin 1916 à l'ambulance 2/14 à Dieue-sur-Meuse.
GENTIL Joseph, 297° Régiment d'infanterie, tué à l'ennemi devant Verdun à Thiaumont (Meuse) au bois des trois cornes le 28 juin 1916.
BRISSAUD Auguste, 261° Régiment d'infanterie, décédé le 28 juin 1916 à hôpital n°12 de Vadelaincourt, des suites d'une blessure par balle à la tête du 27 jUin 1916 au combat de Thiaumont (Meuse). BAVAROT Pierre, 107° Régiment d'infanterie territoriale, décédé le 23 juillet 1916 à l'hospice mixte de Brienne le Château (Aube) des suites d'une maladie contractée au front.
FLANDRIN Pierre, 265° régiment d'infanterie, tué à l'ennemi à Estrées (Somme) le 20 juillet 1916.
CROCHAT Marius, Canonnier de 2°classe, 9° Régiment d'artillerie de campagne, 31° batterie, décédé à l'Hôtel Dieu à Lyon le 8 janvier 1917 des suites de blessures.
GOY Joseph, Sergent au 222' Régiment d'infanterie, tué à l'ennemi le 9 février 1917 au bois des Caurières à Bezonvaux (Meuse).
CONSTANT Jean, 222° Régiment d'infanterie, tué à l'ennemi le 6 mars 1917 au bois des Caurières à Bezonvaux (Meuse).
ARGENTIER Camille, 4° Colonial,tué à l'ennemi au nord d'Orahovo (Serbie) le 8 mai 1917.
PARENT Francisque, 414° Régiment d'infanterie, tué à l'ennemi le 8 juin 1917 à Craonne (Aisne) Camp de Blanc Sablon.
MOYROUD Joseph, 2° Régiment des zouaves de marche, mort à l'ambulance le 2 décembre 1917 à Verdun (Meuse).
MEYER Emile, 3° Régiment de zouaves, tué à l'ennemi le 25 novembre 1917 devant Verdun à Samogneux (Meuse) cote344.
JANON Auguste, 43° Régiment d'infanterie, décédé à l'hôpital auxiliaire n°63 de saint Genis Laval des suites d'une maladie contractée au service.
FRECHET Fernand, Brancardier au 115° bataillon de chasseurs SRM, Mort pour la France, le 1er juillet 1918 devant Passy en Valois (Aisne).
BERNARD Marius, Caporal au 64° bataillon de chasseurs, 10° compagnie, décédé le 1er octobre 1918 à l'hôpital complémentaire d'armée n° 35 de Pont-Sainte-Maxence, à la suite d'une maladie contractée en service.
ROY Antonin, sergent au 330° Régiment d'infanterie, 21° Cie, tué à l'ennemi le 31 août 1918 devant Villette (Aisne).
BOZON Guillaume, soldat au 54° Régiment d'infanterie, tué à l'ennemi le 8 août 1918 par un effondrement à 1 kilomètre au sud de Ciry Salsogne (Aisne) sur la route conduisant à Serches.
BOULAT Romain, soldat au 86° Régiment d'artillerie lourde, détaché à l'usine Grammont à Pont-de Chéruy, décédé le 4 mars 1919 à l'hôpital complémentaire n°32 de la Côte St André.
SIGNOL Jean, du 14° groupe spécial, décédé le 3 avril 1919 à l'hôpital militaire de Saïda (Oran).
PONSARD Cyprien, du 53° Bataillon de chasseurs alpins, décédé "mort pour la France» le 3 janvier 1920 à l'hôpital complémentaire à la Côte St André.
PONSARD Jean, 85° régiment d'infanterie, décédé "mort pour la France» le 27 février 1920 à Nivolas-Vermelle.
BERNARD Edouard, 11° bataillon de chasseurs alpins, disparu vers fin août 1914 au combat de St Die (Vosges).
PONCIN Auguste, 222° Régiment d'infanterie, tué à l'ennemi le 30 août 1914 à Gerbeviller (Meurthe et Moselle).
SILVENT Alphonse, 22° Régiment d'infanterie, 10° Cie, disparu à Foucaucourt-en-Santerre(Somme) le 25 septembre 1914.
BILLIAT Alphonse, 22° Régiment d'infanterie, décédé le 24 septembre 1914 à Foucaucourt-en-Santerre (Somme).
MOYROUD Romain, 13° bataillon de chasseurs alpins, tué à l'ennemi le 15 juin 191S au combat d'Hilsenfirst (Alsace).
BOUVIER Jean, 222° Régiment d'infanterie, disparu le 30 août 1914 à Gerbeviller (Meurthe et Moselle).
BOUVIER Claude.
PORCHER Pierre, infirmier au Régiment d'infanterie coloniale, décédé en 1920 à St Etienne (Loire).
BALLET Félix, 24° Régiment d'infanterie, tué à l'ennemi le 25 mai 1915 à Aix-Noulette (Pas de Calais).
DURAND Léon, Sergent au 5° Régiment d'infanterie coloniale, tué à l'ennemi le 14 juillet 1915.

La plupart de ces soldats appartenaient aux 22° et 222° régiments d'infanterie de la caserne de Bourgoin. (Le 222° étant le régiment de réserve).

L'inauguration du monument a lieu en 1922 en présence de Monsieur Edouard BOVIER LAPIERRE, Député de l'Isère. Le coût final du monument est de 11 985 francs car il fallut rajouter les 714 lettres gravées, les socles et bordures, les barrières de monument avec des portes, et les quatre obus. Les 6870 francs recueillis par souscription ajoutés aux 1000 francs prévus par la commune ne suffisent pas. Le Conseil municipal décide donc d'augmenter la participation de la commune.

Mais la guerre de 14-18 n'était pas la "der des ders" et d'autres noms sont venus allonger la liste des morts pour la France. Il y eu d'abord les soldats de la seconde guerre mondiale :
BUCLON Auguste, mort pour la France le 6 juin 1940 à Ciry Salsogne (Aisne).
DURAND Félix,
MICHALLON Louis, 222° RACLD, mort dans un bombardement le 6 juin 1940 à Rennes (Isle et Vilaine)
PAPADOPOULOS Christophe

Ainsi que les résistants :
BADIN Pierre 22 Août 1944 à Laffrey
FABRIS Eugène le 28 Août 1944 à Saint Bonnet de Mûre (Rhône)
PEYRET Pierre, le 23 Août 1944 à Bourgoin
MOREL Aimé, le 28 Août 1944 à Saint Bonnet de Mûre (Rhône)

Puis il y eut les soldats de la guerre d'Indochine
FRECHET Martial canonnier au 4° régiment d'artillerie coloniale, 1er groupe, 4° batterie, tué dans une embuscade le 9 octobre 1947 à Chon Thanh (Indochine)

BATILLAT Maurice, tué en Algérie en 1961.
 
Le monument comporte aujourd'hui 61 noms.
Il resta à son emplacement initial jusqu'en1978 avant d'être déplacé lors des travaux d'aménagement du rond point et de la place du 8 mai 1945 sur laquelle il s'élève aujourd'hui.
Les quatre obus qui l'entouraient bordent l'accès à la caserne des pompiers et l'accès au parking face à l'entrée de la salle des fêtes.

F.PIRAUDON
Sources: Archives municipales - Archives de l'Isère
Site: www.mernoiredeshommes.sga.defense.gouv-fr
Photos: Eden RAGOUCY  
 
 
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