Pèlerinages à Ruffieu

Pèlerinages à Ruffieu
Les habitants du hameau de Ruffieu ou les promeneurs ont sans doute remarqué le beau massif fleuri qui borde l’ancienne route nationale 85 devenue avenue de Ruffieu. Ce massif est planté dans le bassin d’un ancien lavoir. Il devait y avoir une belle animation lorsque le lavoir était en service. Mais cette animation n’était sans doute pas comparable à ce que ce même lieu a connu en des temps beaucoup plus anciens.
Les vestiges d'une croix près du bassin
En effet, en bordure du bassin on peut apercevoir une croix en pierre ainsi que le pied d’une seconde croix elle aussi en pierre. Ces croix rappellent le souvenir de deux chapelles qui s’élevaient jadis à cet emplacement. L’une était dédiée à Saint-Cyprien, Evêque de Carthage qui subit le martyr en 258. La seconde était en l’honneur de Saint-Romain, Diacre d’Antioche martyrisé en 303. La présence de deux chapelles au même endroit peut surprendre. En réalité il y aurait eu encore d’autres chapelles à Ruffieu. Cette multitude de chapelles en un même lieu pourrait s’expliquer par la méthode qui fut utilisée pour implanter le christianisme. En effet, il était préférable de convertir les anciens sanctuaires païens afin que la population, voyant qu’on ne détruisait pas ses temples, se convertisse plus facilement à la nouvelle religion. De plus cette nouvelle religion se célèbrerait en des lieux déjà connus. A partir de 313 l’empereur Constantin autorise le christianisme qui devient en 392 la religion officielle de l’empire Romain. Avant cela les Romains croyaient en plusieurs dieux. La multiplicité des divinités entraînait naturellement celle des lieux de culte et il semble bien qu’il en fut ainsi à Ruffieu. C’est ce qui expliquerait la présence plus tard, en ce lieu, de plusieurs sanctuaires chrétiens si proches les uns des autres.  Ainsi les chapelles de Ruffieu auraient été d’anciens sanctuaires païens datant de l’époque romaine. Les premiers autels chrétiens se sont élevés sur les tombeaux des martyrs dont les reliques furent apportées d’Afrique ou d’Orient (Saint-Cyprien, Saint-Romain).
Les chapelles Saint Cyprien et Saint Romain
Les chapelles St-Cyprien et St-Romain de Ruffieu étaient réputées pour les miracles de guérison qui s’y produisaient. C’est en tout cas ce que décrit un chroniqueur du milieu du XVIIème siècle. Son témoignage est à prendre avec les précautions qui s’imposent. Il écrit :« Les chapelles sont en grande vénération de la part des fidèles. C’est un vrai pèlerinage qui se fait en ce lieu. Il y a des messes presque tous les jours, toujours le lundi et le 15 du mois. A certains jours il y en a trois ou quatre et un grand abord de gens. Le nombre des miracles qui se font là est si grand qu’on ne saurait le croire…  Une Dame Rochefort, venue portée dans une litière à la chapelle de St-Cyprien à l’instant qu’elle eut ouï la messe et offert son vœu, fut entièrement guérie et marcha aussi bien que devant. De même que le sieur de Monquin, venu à cheval ne pouvant marcher, laisse dans ladite chapelle bâton et potence et s’en revient après, guéri et en bonne santé… ». Les chapelles semblent avoir résisté aux épreuves du temps, dont les dévastations commises dans la région par les Sarrazins au VIIIème siècle ou les destructions des guerres de religion.
La croix de Ruffieu
En 1650, Marie de Montlaur, Marquise de Maubec, veuve du Maréchal d’Ornano, fit réparer à ses frais la chapelle Saint Cyprien. Ruffieu se trouvait alors sur les terres de la seigneurie de Maubec. En 1656 une croix en pierre est érigée devant les chapelles en l’honneur de Saint Romain. Mais fin novembre 1794 les antiques chapelles de Ruffieu sont détruites par une bande de pillards. La croix en pierre de Saint-Romain sera récupérée et cachée. Elle fera sa réapparition le long du chemin du petit bois, au point culminant de Plan-Bourgoin où on peut encore là voir aujourd’hui.
La foire de Ruffieu
La foire de Ruffieu qui se tenait le 16 septembre, jour de la Saint Cyprien, était un vestige du pèlerinage qui avait lieu ce jour-là. En effet, de nombreuses foires comme par exemple la foire de Beaucroissant se sont créées grâce à des pèlerinages. Le rassemblement d’un grand nombre de pèlerins en un même lieu attirait les marchands qui voyaient là une aubaine pour exercer leur commerce. La foire de Ruffieu était très réputée. Au moins jusqu’en 1868, les trains empruntant la voie ferrée nouvellement créée entre Lyon et Grenoble marquaient l’arrêt à Ruffieu le jour de la foire.
Aujourd’hui, la foire qui avait survécu aux pèlerinages a elle aussi disparu. Elle est tombée dans l’oubli tout comme les deux chapelles qui furent pourtant durant des siècles des lieux de culte pour des générations de fidèles.

                                    F. Piraudon
 

Sources : Allocution de l’abbé Dugon prononcée en l’église de Vermelle le 17 août 1952 lors de la cérémonie organisée par le comité pour la conservation de l’église de Vermelle.
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